Le désherbage en bibliothèque

« Les collections des bibliothèques publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau et dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la constitution et des lois. Elles doivent être régulièrement renouvelées et actualisées. » Extrait de la Charte des bibliothèques, titre I – article 7

La médiathèque municipale de Gonfreville l’Orcher procède régulièrement à un « désherbage ». Il fait suite à l’inventaire de septembre et à l’entretien régulier des collections.

Le travail de désherbage effectué par l’équipe de la médiathèque consiste à enlever des rayons, des ouvrages dont la présence n’a plus d’intérêt. Cette opération est organisée de façon professionnelle par un personnel formé aux métiers des bibliothèques et du patrimoine.

Le désherbage (destruction) d’une partie des documents est un acte bibliothéconomique de base qui permet de garder un fonds adapté aux besoins du public. Tout autant qu’acquérir, l’activité de désherber des fonds en bibliothèque est une étape importante dans la mise en pratique d’une politique documentaire efficace et pertinente.

« Le désherbage est une pratique ancienne. Matière périssable, le livre de papier peut être meurtri de 1000 façons, découpé, mutilé, arraché, moisi, brûlé. Sujet à l’altération physique, le livre vieillit aussi dans son essence même, dans son contenu. Trop répandu, trop banal pour qu’on le garde à titre de relique, on le condamne au pilon. Condamnation obligée mais discrète, car, longtemps l’activité nécessaire de l’élimination est restée inavouée et inavouable, honteuse, comme liée à la désacralisation d’un objet-culte. ».  Désherber en bibliothèque/ F. Gaudet et C. Lieber.- Ed. du Cercle de la librairie.

Cette opération choque parfois les usagers et les autorités de tutelle.  Pourtant, elle fait partie intégrante d’un processus qui équilibre les collections et permet au bibliothécaire d’offrir à son public un fonds bien entretenu où tout ce qui nuit à l’actualité, à la pertinence, à la bonne apparence du fonds est enlevé.

Afin de lever toutes interrogations et toutes incompréhensions, voici détaillé ci-dessous le protocole d’élimination des documents.

 

 

Le désherbage : un acte professionnel réfléchi : il est le pendant de l’acquisition.

 Pourquoi éliminer ?

  • Actualisation du fonds et fiabilité de l’information
  • Évaluation et équilibre des collections
  • Amélioration de l’aspect général des collections et de l’image de la bibliothèque
  • Gain de temps pour les usagers et le personnel
  • Gain de place et d’argent

Selon quels critères ?

  • Critère d’état physique du document
  • Critère d’actualité
  • Critère d’usage
  • Critère de redondance
  • Critère d’adéquation du contenu aux publics et aux missions de la bibliothèque

Selon quelle méthode ?

La méthode IOUPI adoptée par la BPI (Bibliothèque Publique d’information- Centre Pompidou Paris) qui tient compte de la date d’édition et du nombre de prêt :

  • X = nombre d’années écoulées depuis la date d’édition
  • Y = nombre d’années écoulées sans prêt

Puis des critères « IOUPI », acronyme aide-mémoire qui représente des critères d’élimination :

  • I Incorrect
  • O Ordinaire, superficiel, laid
  • U Usé, détérioré, laid
  • P Périmé, obsolescence du document
  • I Inadéquat, ne correspond pas au fonds

Le désherbage : un acte administratif

Chaque document enlevé du fonds pour être pilonné est sorti de l’inventaire. La liste des ouvrages voués à la destruction est présentée en commission culturelle puis validée par les élus en conseil municipal. La délibération qui accompagne cet acte est ensuite transmise en sous-préfecture. Dès que le document revient, estampillé du tampon de la sous préfecture, ce sont les services municipaux qui viennent retirer les cartons des ouvrages devant être détruits afin de les emporter à la déchetterie.

Une délibération permet de conserver certains des ouvrages sortis de l’inventaire et pouvant avoir une « seconde vie ». Ces ouvrages sont donnés au centre de loisirs, à la colonie des Ailes blanches de Magland ou vendus lors de la Fête de la Ville. Ils permettent aussi d'alimenter les étagères des livres VaGabOnds.

Certaines associations qui en ont fait la demande ont pu bénéficier de ces pilons.